Beaucoup aujourd'hui disent du bouddhisme qu'il n'est pas une "religion", mais une "philosophie", et que les croyances surnaturelles telle que le samsara (cycle des réincarnations) sont des sortes de parasites issu de l'hindouisme.
Bien entendu, c'est absurde. Le bouddhisme avait dès l'origine pour vocation d'être une sangha ("assemblé", en grec ekklesia, qui nous a donné "Eglise"), on retrouve du surnaturel dès ses textes les plus anciens, et de toute manière, il y a des moines, des liturgies, des textes sacrés, etc. Je ne vois pas ce qu'il faut e plus pour faire une "religion".
A propos d'un malencontreux héritage hindou, c'est tout aussi absurde. L'hindouisme est une religion très récente, et n'existait pas avant le XIXs. La religion des brahmanes contemporains de Bouddha n'avait rien a voir avec les pratiques (bhakti), les croyances (krisnaisme) et les idées (advaita vedanta) actuelles. Le Bouddhisme était une secte indienne parmi d'autres, une forme particulière d'un courant ascétique nébuleux, basé justement sur des concepts tel que la réincarnation.
Les concepts de samsara, de karma et de nirvana ne sont pas des idées étrangères qui se sont inséré dans le bouddhisme, elles sont la source du bouddhisme.
Seulement voilà, l'homme moderne n'est pas tout à fait disposé à accepter la mythologie du samsara, et il a bien raison. Une telle attitude pourrait donc l'amener à rejeter totalement le bouddhisme... mais ce serait dommage.
La question que je pose est : peut-on envisager un nouveau bouddhisme, qui contrairement à l'ancien (y compris celui de Bouddha) serait bien purement "philosophique" ? Sans postuler la réincarnation ? (bien que le Sakyamuni n'ai sans doute jamais envisagé de la remettre en cause)
Un argument en faveur de la nécessité du samsara pour le dharma serait que sans lui, sans la menace de l'éternel retour à la vie, qui est souffrance, il suffirait de se suicider pour faire se dissiper les agrégats qui nous composent, et donc pour atteindre le nirvana.
Je pense que cet argument n'est pas valide. Il impliquerait que l'on recherche le nirvana "pour soi". Si l'on prend en compte que le "moi" du moment ou je passerais la corde autour de mon coup ne sera déjà plus le même "moi" une seconde plus tard, je pense que le problème s'efface. Il ne s'agit bien sûr pas d'un plaidoyer pour le suicide, mais d'un embryon d'argument pour un bouddhisme sans réincarnation, qui ne butterait justement pas sur cette pierre.