| | Bouddhisme au Japon | |
| | Auteur | Message |
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Thierry
Messages : 31 Date d'inscription : 02/04/2014
| Sujet: Bouddhisme au Japon Mer 2 Avr - 8:10 | |
| Le Bouddhisme du Japon. 25 Le " Manga" " Spirit Warrior" suggère que le Japon est la terre de refuge du Bouddhisme. Et il est vrai, Tibet à part, que le Japon est la terre de réception de la Tradition Bouddhiste. Ce manga parle surtout du moine KUKAI, " Océan de Vacuité" ( Kobo Daishi, né en 774), fondateur de l'école Shingon, l'école la plus " Tantrique" du Japon. ( école des mantra secrets). L'autre grande école du Japon, et l'objet du présent article, est l'école Tendai. L'école Tendai a été fondée par le moine SAICHO ( Dengyo Daishi) en 805 à son retour de Chine.Il était de la même expédition que le moine Kukai. A l'origine de ces deux écoles, le curieux NAGArjuna ( Long =" Dragon"-Shu en Chine), personnage d'une très longue longévité ( plus de 600 ans !!! ), il est le dépositaire d'enseignements secrets du Bouddha, trésors gardés par nos fameux " Nagas". Nagarjuna est le fondateur de plusieurs écoles de Chine, il est aussi à l'origine d'un des six yogas de Naropa de l'école Tibétaine " kagyu- pa".Dont le mouvement dit " Madhyamika" ( Zhong= milieu-kuan en Chine) , la " voie médiane", une dialectique qui ne penche vers aucun extrême, elle consiste aussi à unir les deux vérités ou réalités : la réalité " relative" et la réalité " absolue".( C'est aussi l'opinion de diverses écoles du Tibet ). L'Ecole Tendai ( Japon) nous vient donc directement de l'école chinoise Tian Tai ( Tian= le Ciel) " Les terrasses du Ciel, nom d'une chaîne de montagnes. Ecole qui se base sur l'importance du " Sutra du Lotus".Selon eux, le Bouddha a eu plusieurs cycles d'enseignements : 1/ Une première période juste après son Eveil. Ses disciples n'ayant pas compris diverses significations, (à comparer avec le Christ), le Bouddha a dû simplifier ce dernier. 2/ La période qui correspond aux enseignements du " hinayana", destiné à tous et exposé pendant 12 ans.( ARHAT). 3/ Une période de 8 années pour perfectionner cet enseignement ( partie Exotérique du Bouddhisme). 4/ Une période de 22 ans (autre nombre symbolique : 22 ) où le Bouddha enseignera du haut Esotérisme.( Difficile pour le commun des mortels). 26 Enfin une période de 8 années, où le Bouddha prêcha sa doctrine définitive, ou " ronde", les trois véhicules étant des moyens provisoires qui se rejoignent pour former un " véhicule unique" ( qui se retrouve principalement au Japon) décrit dans le Sutra du Lotus. 1. Le sutra du lotus. Fut traduit en chinois pour la première fois en 286 ( Miaofa Lianhua Jing), il comprend en général 27 chapitres ou 28 selon les versions ( 4x 7 ).Le chapitre 11 " La vision du stupa en précieux joyaux " est capital dans l'école Tendai, nous y reviendrons largement. C'est l'enseignement du Bouddha au " pic des Vautours".( des " Aigles" ). 2. Nichiren fixe l'enseignement Tendai.( NI = Soleil....Ren/ge = Lotus ). Nichiren fixe et réforme le Bouddhisme Tendai du Japon au 13 ième siècle.La mouvance la plus laîque étant la fameuse SOKA-GAKKAI. Par de nombreux aspects ce Bouddhisme est proche du Soufisme en Islam. C'est une " pratique" à la fois SIMPLE ET COMPLEXE, grande force de la mentalité du Japon. 3. Un Thangka, un Mantra, un Mala. Le " Mala" de cette école porte le nom de JUZU. Il est lui aussi constitué de 108 grains. Pour rappel 108 est un nombre important, basé sur TROIS ( Le temps : Passé, Présent et Futur) et sur QUATRE ( l' Espace : les Quatre Directions Cardinales). 3 X 4 = 12 ( 12 apôtres, 12 tribus d' Israël, 12 signes du Zodiaque, 12 travaux d' Hercule...). 3 x 12 = 36. ( 1/10 d'un cercle de 360 ° ). 2 X 36 = 72 ( Rythme cardiaque moyen: 72 pulsations par minute). 3 x 36 = 108. A savoir aussi : 4x 36= 144 autre nombre ( dont biblique) important 12 x 12. 27 Certain donne à ce nombre 108, la multiplication des 12 mois de l'année par les 9 planètes de la Tradition Hindouiste. Jean Marquès-Rivière indique aussi que 36 c'est l'addition des 4 premiers nombres pairs et impairs = 2+4+6+8 donnant 20 et 1+3+5+7 donnant 16. ( 20+ 16 = 36 ). Ou encore la TRIPLE répétition des trois premiers nombres : 1x1 x1= 1 , ensuite 2x 2x 2 = 8 , et 3x 3 x 3 = 27 ( 1+8+ 27 donnant 36 ). Dans l'école Nichiren, le JUZU ( Mala en Tibétain) ne sert ni à compter, ni à réciter. Il se tient en main "simplement". Le Juzu comporte, non pas une " grosse perle" ( Connaissance de la " vacuité"), mais deux grosses perles, une Masculine et une Féminine, symbolisant aussi, le Bouddha Historique et le Bouddha Taho.( Voir plus loin). ( Le Yin et le Yang, Ida ( polarité féminine, lunaire, placé à gauche) et Pingala ( polarité masculine, solaire, placé à droite) ; Boaz ( la maison Lunaire) et Jakin ( la maison Solaire). Nous y retrouvons aussi, 5 sphères ( totalité des directions, des univers,des potentiels) formant un " corps humain" ( 2 jambes, 2 bras et la tête). ( Etoile de David , 5 éléments ). Comme pour un " Mala" il y a une " entrée" à 10 perles ou anneaux. Les 10 états de l' Etre de l' Ecole Tendai ( Tian Tai) que l’on compare avec : Les 10 états de " Coeur" de l' Ecole Shingon : Coeur de bouc ( enfers, preta, animaux), coeur de l'enfant ignorant, coeur du bébé intrépide, ceux qui s'affranchissent ...ceux qui recherchent le bien pour autrui ( Bodhisatva), et ainsi de suite ( A comparer avec le " château Intérieur" de Ste Thérèse d' Avila ). Les 4 autres entrées contiennent, elles, 5 entrées + un vase. ( 6 entées). 5 sens + la Conscience. Il y a encore bien d'autres aspects. Voici pour une première synthèse. 4. Un Mantra. ( Coeur de la pratique de l' Ecole Tendai). 28 Ici nous sommes bien proche de pratique issue du Soufisme. Récitation en boucle d'un Mantra. Le titre du Sutra du Lotus. Le fameux Nam...MY..HO...REN..GE...KYO. Remarquons une composition en 5 temps principaux...MY..HO..REN..GE...KYO. Pour rappel, le Bouddhisme ne considère que 5 Chakras en place de 7. Et en général un STUPA ( La Tour aux Joyaux du Sutra du Lotus, ne comporte que 5 étages). Simplement les deux premiers Chrakas et les deux derniers se synthétisent en un "seul" !!! Cette pratique a donc la force de bien des pratiques ( Kundalini Yoga, Soufisme, Kabbale) en cela en 5 ou 6 syllabes ( 6 avec le Nam ). 5/ Un Thangka...Le Gohonzon. Appelé aussi " miroir" ( me-long en Tibétain). Dans sa forme Tendai du Japon, c'est avant tout une écriture à l'encre ( Sumi). Analysons ( en partie) ce " miroir" qui est assez complet.( donc complexe...et simple à la fois). Comme dans un Thangka classique, nous avons un personnage central, logiquement " Nichiren". Qui enseigne à un disciple : un Shonin. Et au-dessus de lui, deux maîtres, le fondateur de l'école Tian Tai et le Saicho, le fondateur de l'école Tendai. Plus curieux, la présence de deux des principaux " dieux" ( Kamis) du Shintoîsme ( Religion du Japon) à savoir : - Amaterasu : déesse solaire. -l' Empereur Ojin ( aka Hachiman ). Au centre, le PILIER CENTRAL : la formule Nam My-Ho Ren-Ge kyo. La fameuse Tour aux Joyaux = SUSHUMNA ( la colonne vertébrale). Au sommet, les deux Bouddhas de la Tour aux Joyaux , Le Bouddha " historique" ( SHAKYAMUNI ) et le Bouddha Taho. Pour certains, c'est l'un des Bouddhas antérieurs, peut-être KASHYAPA. Soit, comme son nom l'indique ( TAO ?) le Bouddha du Taoïsme : HOTEI ou encore le 29 Bouddha du " futur" MAITREYA. Soit encore, le " corps nirmanakaya, corps d'émanation . Et celui ayant un corps de gloire ( sambhogakaya). !!! Dans les 4 coins, les 4 gardiens : Nord, Sud, Ouest, Est. Dont le populaire "dieu- gardien" du Nord : Viasrana ( Bishamonten dans le Shintoïsme). De haut en bas : Les 4 Bouddhas Qui représentent, le FEU ( Illumination, corps de clarté), l' EAU, la TERRE ( Stabilité), et l' AIR. A savoir aussi, 4 qualités : Notre véritable " identité", la " pureté", l' éternité et la joie-bonheur. Les 4 états sublimes d'autres écoles : Equanimité ( Upekkha), Joie ( Mudita, Ananda en Hindouisme), Amour ( Metta) et Compassion ( Karuna). Curieusement, on y retrouve aussi Brhama, Indra, et probablement : Sarasvati ( Ben-zai-Ten au Japon dans le Shintoïsme). Voir Shou-Lao ( étoile Polaire ou du sud ?) autre divinité du Shintoîsme. Reste, une série de personnages dont " probablement " MA.RA et YAMA. L' Ogresse ( Dragon féminin ?) et ses 10 filles ( 10 directions de l' Espace, 10 Shephirots ?) = protecteurs des pratiquants du Bouddhisme TENDAI. Conclusion. Voici donc un Bouddhisme à la fois "simple" et " complexe". Notes additives de mon ami Basile L. 1. Kukai, le fondateur du Shingon, a hiérarchisé les écoles du Bouddhisme japonais en disant que le Tendai est associé principalement à Avalokitesvara et les autres écoles à d’autres aspects de l’ éveil sont tous présents dans les mandalas du Shingon 2. Le Shingon avec l’école Tendai a intégré les Kamis du Shinto : 30 Le kami femme gardienne du mont Koya-San ( un des lieux shinto qui devint un des centres secondaires de Shamballa grâce à Kukai) autorisa que Kukai devienne le responsable de Koya-San. | |
| | | Virupa
Messages : 18 Date d'inscription : 29/03/2014
| Sujet: Re: Bouddhisme au Japon Jeu 3 Avr - 14:09 | |
| Le bouddhisme japonnais ne se limite pas à ces deux écoles. Pour bien le comprendre, il faut en voir le "relief", et comprendre qu'il a plusieurs "couches", comme en géologie. Surtout, je pense que le comprendre objectivement demande non seulement une bonne connaissance du Bouddhisme et de la culture japonaise, mais aussi de la civilisation chinoise, qui s'intercale entre les deux. Il y a trois périodes d'introduction du Bouddhisme au Japon, amenant chacune de nouveaux éléments. Je pense que c'est historiquement, par ces périodes, que l'on a la vision la plus nette des écoles japonaises. Période de Nara (710 - 794)- Contexte historique:
sur le continent, la Chine sort d'un "moyen-âge". Comme le notre (plus long), celui-ci se caractérise par, une division politique, des invasions "barbares", par la forte puissance des aristocraties terriennes et des seigneurs de guerre, et par l'arrivé d'une religion universaliste, pacifiste et ascétique, en l'occurrence, le Bouddhisme. Au VI siècle, l'empire chinois est recréé par la dynastie Sui, à laquelle succède rapidement la dynastie Tang (contemporaine de la période de Nara au Japon). C'est sous les Tang que le bouddhisme Chinois connaît son apogée, mais il s'en trouve considérablement changé, car pour la première fois, il évolue dans un monde ayant une culture savante et une tradition philosophique très différente de celle d'Inde. Il faut aussi se souvenir de l'Empire Tang pour son cosmopolitisme : il est extrêmement ouvert au monde et communique avec la Perse autant qu'avec l'Inde, l'Asie du sud-est et le Japon. Sa capital, Chang'an, est alors le centre de l'Asie. Le Japon suis l'exemple de la Chine, créé un pouvoir impérial centralisé et fort à l'image de celui des Tang et une capitale permanente, à l'image de Chang'an, est établie à Nara. En outre, toujours en suivant les pas de la Chine, le gouvernement japonnais patronne le bouddhisme. Si ce dernier était déjà présent sur l'archipel, ce n'est qu'à partir de cette date qu'il devient véritablement puissant.
- les écoles:
Malgré sa disparité, le Bouddhisme chinois était relativement uni. Si les querelles scolastiques avaient menés à la distinction de plusieurs "écoles", elles appartenaient toutes au même clergé. Au Japon, les différences doctrinales s'accompagneront de différences institutionnelles. Plutôt qu'un clergé, on verra apparaître plusieurs sectes. La période de Nara compte sept sectes, dont quatre "majeures" :
-Sanron-Shû, "école des trois traités", repose sur trois ouvrages de philosophies écrit en Inde, vers le II siècle, les deux premiers par Nagarjuna, et le troisième par son disciple Aryadeva. Cette école se rattache donc au Madhyamaka, l'un des plus important en Inde et encore aujourd'hui au Tibet. Il s'agit donc d'une école très philosophique, accordant beaucoup d'importance à l'étude, qui professe essentiellement la vacuité de toutes choses, le fait que le monde tout entier (y compris nous-même) soit aussi vide qu'un rêve ou un reflet.
-Hossô-Shû appartient au courant bouddhiste "idéaliste". Il descend du principal concurrent traditionnel du Madhyamaka : le Yogacara. Le Madhyamaka était très "négatif". Il s'occupait le plus souvent de réfuter systématiquement toute supposition métaphysique, et la seule affirmation qu'il se permettait était que l'univers n'était qu'une apparence creuse. En réaction, le Yogacara établi un système "positif", et affirmait l'existence de flux de conscience au delà des illusions de la matière. je soupçonne qu'en Inde, les Madhyamika se consacrait surtout à l'étude, et les Yogacarin plutôt à la méditation, mais je ne pense pas que ce ce soit retrouvé au Japon. Hossô et Sanron était doctrinalement des ennemis héréditaires, mais ils étaient sur le même terrain.
-Kegon-Shû, "école de la guirlande de fleurs", descend de l'école chinoise Huayan. Contrairement au Sanron et au Hossô, qui hérite de doctrines indiennes, le Kegon est très spécifique de l'extrême orient. Le Huayan, l'un des courants majeurs de Chine, repose sur le Avatamsaka sûtra. En Inde, ce sutra était revendiqué principalement par le Yogacara, mais en Chine, sont exégèse aboutira à une pensée très différente, teinté de Taoisme. L'accent est mis sur le concept de "nature de Bouddha" (je vous épargne le terme sanskrit), l'essence profonde de toute chose. Il se distingue donc du madhyamaka, puisqu'il décrit le monde comme "plein", mais aussi du yogacara : alors que le yogacara décrit une multitude (pluralisme) de flux de conscience au delà du monde (transcendance), le huayan décrit une nature profonde, unique (monisme) en toute chose (immanence). Cette école très Chinoise se distingue aussi des écoles indiennes par son goût pour les paradoxes et les énigmes (c'est la fameuse influence taoïste), visant à trouver une vérité au delà de la pensée. Le madhyamaka et le yogacara sont au contraire d'une très grande rationalité.
-Ritsu-Shû, "école du Vinaya". En Inde et dans le reste de l'Asie du Sud, le Vinaya, règle monastique, est la base du Bouddhisme et de toutes ses écoles. Cependant, en extrême-orient, une très grande profusion de littérature religieuse a progressivement reléguer l'antique Vinaya au rang d'ouvrage secondaire, de moindre importance, alors que le sutra du Lotus et le sutra de la guirlande de fleur (Avatamsaka) gagnaient toujours plus de considération. C'est en réaction contre cette tendance que certain courant on choisi de ce concentrer sur le Vinaya, formant ainsi une "école du Vinaya". C'est encore une fois un phénomène très Chinois. Bien sûr, en Asie méridionale, toutes les écoles sont en quelques sortes des "école du Vinaya", mais pour cette raison, aucune ne l'est vraiment. Aucune n'a le Vinaya pour spécificité.
En bref : le Japon subit une très forte influence chinoise, et le pouvoir impérial nippon se fait défenseur du Bouddhisme. Quatre sectes principales font leur apparition. Deux d'entres elles héritent des philosophies indiennes très rationalistes et anti-mondaines : l'école Sanron, négative, qui se concentre sur la vacuité des choses, et l'école Hossô, positive, qui se concentre sur la transcendance des flux de conscience. Une troisième école, Kegan, est plus spécifique à la culture chinoise, et défend un monisme qui échappe à toute rationalité. Enfin, une quatrième école, Ritsu, préfère se recentrer sur la stricte discipline monastique plutôt que de se livrer à des spéculations futiles. Période de Heian (794-1185)- contexte historique:
Le clergé bouddhiste de Nara avait acquis un très grand pouvoir politique et symbolique, au dépend de l'empereur japonnais. Pour rompre avec les bonzes, la cours impérial déménage à Heian, l'actuel Kyoto. Dès le début du IX siècle, de nouveaux courants bouddhistes sont importé de Chine, et tendent à remplacer les sectes de Nara. Pendant ce temps, sur le continent, une forte réaction confucianiste s'opposera au bouddhisme, notamment en 845 ou l'empereur de Chine passera de très ferme réforme anti-bouddhiste. Ces mesures n'avaient pas que des fondements idéologiques et nationalistes, elles visaient aussi et surtout à mettre fin au très grand pouvoir économique qu'avait acquis le clergé chinois. Plus tard, en 907, la dynastie Tang éclate en morceaux suite à des conflits entre les grands clans aristocratiques, et la Chine restera divisé jusqu'à la fondation de l'empire Song en 960. Ces deux événements de Chine, l'opposition au bouddhisme et les faiblesses de l'empire, sont perçu très négativement par les japonnais. Alors que la période de Nara était caractérisé par une profonde admiration pour la culture chinoise et par une volonté de s'en rapproché le plus possible, la période de Heian est marqué par une prise de distance progressive et par l'affirmation d'une identité purement japonaise. En 866, le clan Fujiwara obtient la régence de l'empire, et la conservera jusqu'à la fin de la période de Heian. Si le Heian ancien était encore très sinisé, et ressemblait à un Nara à plus grande échelle débarrassé des sectes envahissantes, l'époque de Fujiwara est un véritable âge d'or de la culture japonaise.
- les écoles:
Les écoles de Heian sont celles que tu mentionnes, Thierry. Elles sont importés assez tôt (804-805), alors que le Japon est encore dans sa fascination par la Chine. Elles sont initialement favorisé pour miner le pouvoir des sectes de Nara. Par la suite, elles joueront un très grand rôle dans la construction de l'identité japonaise, notamment en se mariant avec les anciennes croyances locales que nous appelons désormais "shinto". Tu as déjà donné de très denses informations à leurs sujets, je me permets d'en parler un peu aussi, de manière un peu plus synthétique.
-Shingon-Shû. Cette première école est créé par le moine indépendant Kûkai, qui brillait par sa culture autant que par sa sainteté, et qui était aller s'instruire en Chine après avoir fait le tour du bouddhisme japonnais. Le Shingon se rattache à ce que l'on appelle "tantrisme". Initialement Indien, et brahmaniste autant que bouddhiste (très marginalement jaïna), ce courant était un ésotérisme extrêmement transgressif, dépassant la dualité entre le sacré et le tabou. En bon ésotérisme, il impliquait initiation complexe, symbolique très riche -pour ne pas dire lourde- et souvent pratique "magique". Son coté transgressif est plus surprenant : le tantrisme n'hésitait pas à utiliser (symboliquement ou réellement) le sexe, le cannibalisme, etc. Un courant non seulement extrême, mais surtout de tous les extrêmes à la fois. Méditation et clarté d'esprit - prise de drogue. Ascèse très sévère, mortification -sacralisation de la joie et du rire, etc. Au sein du Bouddhisme, le tantrisme se caractérisait par la recherche d'un accès directe à un niveau d'éveil supérieur, jugé quasi-impossible par les voies habituelles. L'extrémisme indien a survécu au Tibet, mais la société chinoise avait une mentalité profondément incompatible avec celui-ci, tant et si bien que le tantrisme n'a jamais pu véritablement pu se développer dans l'empire du milieu. La tradition que Kûkai a amené au Japon ne formait donc pas une véritable école en Chine, il ne s'y agissait que d'une tendance marginale du bouddhisme chinois, très édulcoré par rapport à ses origines indiennes. Le sexe et la violence ont été effacé lors de leur traversé du continent. On par contre survécu la recherche d'une ascension spirituelle accélérée (ce qui a justifié l'implantation de cette nouvelle école), la volonté d'utiliser le monde pour ce faire plutôt que de le rejeter (ce qui a favorisé son intégration aux croyances traditionnelles) et la très grande complexité des symboles et des rituels (ce qui a séduit la société savante japonaise).
-Tendai-Shû. A propos du bouddhisme de Nara, j'ai évoqué l'école indienne madhyamaka, dont provenait la secte Sanron-Shû, l'école chinoise Huayan, dont provenait la secte Kegon-Shû, et la profusion de textes sacrés en Chine, lié à la naissance d'une école du Vinaya, dont était issu la secte Ristu-Shû. Le Tendai, et l'école chinoise dont il provient, le Tiantai, est intimement lié à tous ces éléments. En Inde, chaque secte avait son propre corpus de textes sacrés et philosophiques qu'elle conservait et produisait. C'est donc à un problème nouveau que s'était retrouvé confronté les chinois (à partir, disons, du IV siècle), qui en voulant importé le bouddhisme s'étaient retrouvés inondés de textes provenant de sectes et d'écoles différentes, proclamant tous leur supériorité les uns sur les autres, voir parfois se contredisant clairement. L'une des premières tâches de l'élite intellectuel du bouddhisme chinois a été de mettre de l'ordre dans se chaos, et de hiérarchiser toute cette littérature pour en obtenir un support cohérent à leur religion. L'école Tiantai est l'une des premières à s'être donné cette mission, et l'une de celle qui l'a fait avec le plus d'ardeur. Elle se caractérisait par l'élaboration d'une pyramide de tous les textes bouddhistes, avec le Sutra du Lotus au sommet. Mais le Tiantai a souvent été éclipsé par son principal rival, le Huayan, basé lui sur le sutra de la guirlande de fleurs (d'où le fait que le Huayan ait été représenté à Nara, mais pas le Tiantai). L'opposition du Huayan et du Tiantai fait écho aux débats philosophiques d'Inde, puisque le Tiantai se revendique du Madhyamaka et que le Huayan repose sur un sutra majeur du Yogacara, mais ayant lieu dans un environnement différent, elle-même est différente. J'ai distingué plus haut le Huayan (Kegon au Japon) du "vrai" Yogacara (Faxian en Chine, Hossô au Japon). A propos de la distinction entre le Tiantai (Tendai au Japon) et le "vrai" Madhyamaka (Sanlun en Chine, Sanron au Japon), j'aurais tendance à dire que le Madhyamaka est plus philosophique, alors que le Tiantai est plus littéraire. Il n'y a pas vraiment de choc doctrinaux entre les deux, par contre, ce sont les préoccupations qui changent énormément.
Contrairement aux sectes de Nara en perpétuelle opposition, le Shingon et le Tendai se sont extrêmement rapproché l'un de l'autre. Le premier a prêté au second ses symboles et ses pratiques ésotériques, le second a prêté au premier sa littérature savante.
En bref : le Japon prend ses distances avec la Chine et affirme son identité nationale. De nouveaux courants bouddhistes apparaissent au détriment des anciennes sectes de Nara. L'école Shingon est ésotérique, et est caractérisé par la très grande sophistication de ses rituels et de ses symboles. L'école Tendai est une synthèse de la littérature bouddhiste d'extrême-orient, basé sur le sutra du Lotus. Toutes deux s'influences réciproquement, et se mêlent aux croyances locales. Période de Kamakura (1185 - 1333)- contexte historique:
Le shogunat (pouvoir officieux sur le Japon, exercé au nom de l'empereur) passe du clan Fujiwara aux seigneurs de Kamakura. Le pouvoir militaire gagne en puissance et l'ancien pouvoir civil s'efface. C'est une période de féodalité, qui voit la naissance des samouraï que nous connaissons. En Chine, l'empire Song connaît une très grande modernité, contrastant vivement avec le Japon, mais est vaincu par les mongoles. Kubilaï Khan, petit fils de Gengis Khan et nouvel empereur de Chine à partir 1279, tente deux fois de conquérir le Japon, mais sans succès. Les relations diplomatiques sont en outre obstrué par une très importante piraterie. Il y aura toujours des contacts entre le continent et l'archipel, mais à un niveau plus populaire et moins politique que précédemment. En Chine, le bouddhisme ne s'est toujours pas remis des coups du confucianisme et des mesures de 845, et l'élite préfère désormais se tourner vers le néo-confucianisme. C'est donc le déclin des grands temples et de leurs écoles savantes. Cependant le bouddhisme rural, teinté de taoïsme religieux, reste très prospère. Les mongols amèneront avec eux leur propre bouddhisme, d'origine tibétaine, mais celui-ci n'a à ma connaissance pas traversé la mer du Japon. Comme je l'ai dis, les contacts avaient lieu de peuple à peuple, et non plus d'élite à élite, hors le bouddhisme tibétain était celui de l'élite mongole de Chine. Au Japon, le bouddhisme n'est plus réservé à la cours impérial et à atteint les couches les plus basses et les moins instruites de la société. Un bouddhisme de campagne naît, moins sophistiqué, plus superstitieux, et souvent représenter par des faiseurs de miracles que par de véritables moines.
- les écoles:
On distingue trois courants qui se sont développés lors de la période de Kamakura :
-sectes de la Terre Pure. Il s'agit d'un culte du buddha Amitabha (Amida en japonais), figure mythique associé à la compassion. Les dévot se réincarnerait dans la terre pure de l'ouest, sorte de paradis plus favorable que notre monde à l'atteinte du Nirvana, qui est la cessation des réincarnations. On retrouve une certaine forme de culte de Amitabha en Inde et au Tibet, mais c'est en extrême-orient que ce culte trouvera le plus de succès. J'y vois une forme de semi-tantrisme : les élaborations ésotériques complexes et transgressives sont absentes, mais on y retrouve bien la volonté d'un accès plus rapide à l'illumination, l'appel de puissance surnaturelle et l'usage de formules sacrés. Les aspects initiatiques et magiques se retrouvaient aussi très fortement en Chine. Cependant, en Chine, la Terre Pure n'a jamais formé une école ou une secte autonome. Il s'agissait d'une pratique très répandu, transmise initiatiquement par quelques maîtres, mais susceptible d'être utilisé par des partisans de n'importe quel école. Ce n'est qu'au Japon que l'on verra se développé véritable des sectes de la Terre Pure.
-sectes Zen. Le japonnais "zen" est issu du chinois "chan", dérivant lui-même du sanskrit "dhyana", souvent traduit par "méditation". Le Chan chinois est très influencé de taoïsme populaire -on pourrait même en parler comme d'un syncrétisme entre bouddhisme et taoïsme. Il s'agissait d'un courant extrêmement iconoclaste, souvent jugé irrespectueux et incohérents par les moines savants des grands temples. Comme son nom l'indique, cette tradition se concentre sur la méditation, et la pratique de la manière la plus rigoureuse et épuré qui soit. En Chine cependant, le Chan n'était pas une secte clairement identifié. Il s'agit simplement d'un accent mis sur la méditation. Je suis par exemple un jour tombé sur un texte qui ventait les mérites des véritables maîtres "chan" qu'était les moines de l'école Tiantai. Le Chan de campagne que l'on connaît, ancêtre de Zen, n'était en outre pas distinct de la Terre Pure. Bien que les lignés des grands maîtres de la terre pure et du Chan se croisent sans se superposer, méditation Chan et invocation d'Amitabha était souvent pratiqué en même temps, et par les mêmes personnes. Ce encore une fois qu'au Japon que l'on verra apparaître des sectes comme autant d'institution autonome, clairement distinctes des sectes de la Terre Pure. On connaît entre autre le Zen pour avoir séduit la classe des samouraïs par sa simplicité, pour avoir imprégné l'esthétique japonaise, et aujourd'hui pour son franc succès en occident (plus que n'importe quel autre courant japonnais).
-Nichiren-Shû. Nichiren était un moine Tendai mécontent de l'état actuel du bouddhisme, tout comme entre autre Hônen et Dôgen (fondateur l'un d'une secte Terre-Pure, l'autre d'une secte Zen). Il cherche surtout à faire obstacle à la progression du courant de la Terre Pure. Plutôt que d'aller chercher de nouveaux enseignements en Chine, il accentue ce qu'il estime être le plus pure au sein du bouddhisme japonnais déjà présent. Le Tendai étant une école très érudites et savantes, il en simplifie énormément le contenue pour le rendre plus accessible. La secte de Nichiren devient donc un culte du sutra du Lotus, dont la répétition du nom devient la pratique principale (à l'image des bouddhistes de la Terre Pure, qui répétait le nom de Amida). Le Nichiren-Shû avait en outre des prétentions politiques, et avait pour projet de chasser toutes les autres formes de bouddhisme du Japon et pour créer une société parfaite. Il s'agit de l'un des (pas assez) rares exemples de courants bouddhistes ayant fait preuve d'intolérance et de violence. Je ne cache pas mon hostilité à la religion de Nichiren, que j'estime être une forme dégénéré de Bouddhisme.
Le Zen et le Terre-Pure sont divisés en de nombreuses sectes, et on peut être tenté de chercher les différences entre chacune. Aujourd'hui, ces différences sont de plus en plus affirmés, mais c'est assez artificiel. A l'époque, d'une secte Zen à l'autre par exemple, les croyances et les pratiques étaient globalement les mêmes. Le nouveau "public" du bouddhisme était non plus une cours impériale éduqué et lettré, mais la population dans sa grande masse, principalement paysanne et guerrière. Aussi, les maîtres étaient jugés non pas par leur doctrine, mais par la réputation des lignés initiatiques dont ils étaient issu, voir par les pouvoirs magiques qu'on leur prêtait.
En bref : le Japon entre dans un âge féodal, les échanges officiels avec la Chine se font rares. Le bouddhisme devient plus populaire, moins sophistiqué et plus accessible. Le courant de la Terre-Pure voue un culte à Amida, Buddha de la compassion, dans le but de se réincarner dans son paradis de l'ouest. Le Zen se consacre à une méditation épuré et rigoureuse, et imprégnera profondément la culture chinoise, des arts martiaux à la cérémonie du thé. La secte de Nichiren, pour faire obstacle à la terre pure, simplifiera outrageusement le Tendai et se donnera comme un culte du sutra du Lotus, avec pour projet de conquérir (y compris militairement) le Japon. Aujourd'huiLes écoles de Kamakura restent les plus populaires au Japon (et le Zen, en occident). Le Tendai et le Shingon sont encore très représenté, mais appartiennent surtout aux monastères et à une population assez érudite. Sanron a été absorbé par le Tendai, mais les autres écoles de Nara évoqué, Hossô, Kegan et Ritsu, survivent et ont chacune une poignée de monastères. Le bouddhisme au Japon a néanmoins été affaibli par la tentative d'établir le Shinto comme une religion différente par les nationalistes du début XX, ainsi que par l'arrivé du christianisme et la monté de l'athéisme. Toutes ses tendances semblent néanmoins avoir trouvé un certain équilibre. En outre, l'ouverture au monde à révélé le "reste" du bouddhisme au japonnais, invitant certain à préférer par exemple le bouddhisme cinghalais, jugé plus authentique, ou le bouddhisme tibétain, encore plus sophistiqué que le Shingon. Je me permet un petit mot en faveur des écoles de Nara, souvent dévalué : on peut remarquer le fait qu'elles aient représentés une pensée bien plus philosophique que les écoles suivantes. Ces dernières en effet était bien plus "religieuse", et repose beaucoup plus sur ce que nous pourrions qualifié de "foi". | |
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